dimanche 19 septembre 2010

Passer à autre chose

Ce dernier article aura mis du temps à venir! Inspiration en berne, le quotidien qui nous reprend et nous avale à nouveau, un atterrissage, sur certains points, difficile... peut être enfin la crainte de refermer definitivement cette page dorée de notre vie. Et puis le temps d'assimiler aussi, de realiser le chemin parcouru....5 mois apres notre retour on se demande regulierement si on a vraiment fait ce tour du monde!!!
Ce voyage nous a forcement enrichis, rendu plus courageux, plus ouverts plus unis, mais au quotidien difficile d'en apprécier les apports... Le tourbillon de la vie nous a repris avec indifférence comme pour enterrer une bonne fois pour toute ce rêve, l'envoyer aux oubliettes...

Que nous reste-il de ces 14 mois?
La réponse n'est pas simple. Un sentiment de fierté et de réussite quand nous jetons un oeil sur notre parcours et les moments forts du voyage, des souvenirs inoubliables, mais aussi un arrière goût amère comme si nous n'avions pas été au bout des choses, au bout du chemin. Avons nous su nous laisser emporter par le voyage sans lui résister? Avons nous été capables de lâcher prise pour de bon, sans chercher a tout contrôler, ne pas imposer notre rythme... Sûrement pas!!! Si nous analysons bien il y avait toujours une bonne raison pour garder le contrôle: insécurité potentielle, timing fixé par nos soins en amont avec nos billets d'avion, l'envie de tout voir, de ne rien rater... Nous avons compris un peu tard que les lieux touristiques ne nous apportaient jamais tant d'emotions que la rencontre imprevue d'un chaleureux autochtone, qu'un repas simple partage avec de genereux personnages, quand les sourires remplacaient les mots.
Une chose est sûre, notre prochain voyage aura on l' espere, une toute autre allure. Nous traverserons beaucoup moins de pays, nous prendrons le temps de vivre au rythme local, en partageant le quotidien des familles, nous ne prendrons aucun billet d'avion à l'avance et nous axerons nos choix sur des destinations peu ou pas touristiques.

Si on se repose la question de ce qui reste de ce Tour du Monde l'une des réponses évidente c'est le souvenir des galères qui se sont transformés avec le temps en moments inoubliables. Notre abandon sur le Trek du Santa-Cruz, en pleine Cordière Blanche Péruvienne, nous fait maintenant sourire mais sur le coup... Un peu moins!!!!





Ah oui un petit conseil... même si elle pèse 500 grammes de plus, prenez une tente confortable et pas une tente trop petite... Sinon au bout de 55 nuits dessous vous aurez, comme nous, envie de la balancer!!!



Un dernier conseil, si vous voulez voyager au Costa Rica armez-vous de patience si vous utilisez, comme nous, les moyens de transport locaux...



Maintenant notre quotidien est redevenu classique avec des métiers prennant qui nous ont ramené en Auvergne. Après un mois de juillet laborieux a la recherche d'un appartement a louer, ou, marginalises par l'absence de feuilles de paye à montrer à des proprietaires mefiants, nous avons essuyé plusieurs refus , Août à squatter chez les copains partis en vacances, Septembre et Octobre dans un mobil-home d'un camping municipal nous voila enfin chez nous, dans notre maison à Jussat, depuis trois semaines. En fait nous venons tout juste de poser nos valises. C'est d'ailleurs peut être pour ça que nous sommes enfin prets à écrire ce texte de Fin....Pour nous une nouvelle vie commence, bien differente...mais pleine de promesses, avec le petit ventre de Camille qui s'arrondit.


Nico, le 25 Novembre 2010.

mercredi 7 juillet 2010

Petit bilan et gros bonus...

Rentrés depuis un mois, et à la veille de reprendre le chemin du travail, il est plus que temps de conclure une bonne fois pour toute sacadosdanslaplaine. Une page se tourne bel et bien pour nous, et c'est deja un peu nostalgique que je m'apprête a ecrire dans ce blog mon dernier article, pour faire le bilan de cette belle aventure que nous avons partagée, Nicolas et moi.
Difficile de resumer 399 jours sur les routes, 87000km parcourus dans les airs, 63000 dans differents bus, trains, ou bateaux, et 3455 gagnés a la force du mollet, le plus souvent a pied mais aussi a velo. Difficile d'etre circonspects apres 13 mois de voyage car la richesse de ce tour du monde tient souvent du détail : une belle rencontre, la saveur de la cuisine locale servie dans un bui-bui et partagée avec les autochtones, un coup de main inespéré quand tout semble aller de travers, quelques notes d'une musique locale qui s'accordent parfaitement avec le paysage du moment....

Le plaisir que nous avons ressenti est aussi dans cette sensation d'etre loin, bien loin, aux antipodes de la France, de tout ce que nous connaissons, de nos habitudes, du quotidien. C'est la satisfaction de s'offrir, en meme temps que du temps a deux et sans contraintes horaires, une ouverture d'esprit au contact de tant de diversites et de richesses qu' offre le monde. C'est encore la satisfaction de se sentir capables de s'adapter a tout: a une nature hostile, au manque de confort, aux epreuves physiques, aux changements...C'est la pleine satisfaction, enfin, d' avoir eu le courage de realiser un reve qui nous tenait a coeur, et d' avoir ainsi pu goûter a la plus grande des libertes!


Difficile aussi de repondre a la question "c'est quoi votre pays préfere?", car si parmi les 27 pays traverses, deux ou trois d'entre eux nous ont decus, nous avons aime tous les autres. Il est tout de meme vrai que certains nous ont marques plus que d'autres. Alors, comme vous semblez insister pour savoir, faisons le point.

Voici donc nos pays chouchous:

L' Afrique du sud...pour la beaute de ses paysages, la belle simplicite de son "pays Xhosas" aux maisons de terre rondes et turquoise sur fond d'ocean, ses parcs animaliers, ses habitants porteurs d'espoir pour l' avenir du pays, et pour ce petit bijou enclave dans ses montagnes du Drakensberg, le Lesotho qui meriterait un voyage a lui tout seul.


Le Nepal, superbe!! Le treak des Annapurnas, nous a offert 15 jours de bonheur, une veritable bouffee d'oxygene et un challenge physique non negligeable. Avec Manaus, notre guide, nous avons decouvert non seulement de magnifiques sommets, mais aussi traverse des villages du bout du monde aux charmes irresistibles, rencontré d'autres marcheurs du monde entier avec qui nous formions une equipe cosmopolite capable d'atteindre le fameux "Thorong Pass" a 5416 metres d'altitude. Innoubliable! On reviendra au Nepal, c'est sur, mais pas seulement pour ses treaks. Pour la gentillesse des Nepalais, pour la richesse de son patrimoine et pour manger un "dal" avec Manaus!


La Mongolie est un autre coup de coeur! Il faut connaitre la vie de ses habitants nomades, qui depuis toujours vivent dans le plus grand respect de la Terre, en parfaite harmonie avec la nature. Ici, point de propriete privee, l'espace appartient a tout le monde et l'hospitalite, comme l'entraide, sont de rigueur car la vie est dure pour tous ces eleveurs de la Steppe. Et quels paysages! La Mongolie, c'est aussi, pour toutes ces raisons, le "nec plus ultra" du depaysement, accentué par la barriere de la langue et des regles de savoir vivre qui n'ont rien a envier a Madame de Rotschild pour leur complexite! La aussi, il faudra revenir, et longtemps pour en decouvrir toutes les subtilites.


Enfin, comment ne pas parler de l'Inde, aussi fascinante que complexe, qui ne fait rien dans la nuance, mais tout dans l'exces, ce qui peut etre parfois usant, mais c'est si FORT!! La aussi, il faudra revenir encore et encore! Le Ladakh fait d'ailleurs parti de nos futurs projets de voyage.

Sans oublier le Chili, riche de ses paysages d'une tres grande variete sur ce pays qui s'etale sur plus de 4000km de long! Deserts, volcans en activite, glaciers, sommets des Andes....et l'ile de Paques, cerise sur le gateau! Tout y est! Le tout dans une athmosphere ultre sympathique. C'est aux Chiliens que reviendra la palme du peuple le plus attachant. Bravo les Chiliens, on va essayer d'en faire autant ici, pour tous les voyageurs dont nous croiserons la route.

Mention speciale pour les grands espaces Boliviens, Argentins, Peruviens, tous plus grandioses les uns que les autres. Innoubliable aussi l 'experience du bush, de la vie proche de la nature et de la liberte en Australie et en Nouvelle-Zelande qu'il faut, a notre avis, explorer avec une tente a installer pour la nuit en pleine nature, de preference au bord d'une riviere pour la douche. Ici, attendre la visite des kangourous, qui ne tardent jamais bien longtemps, pour des emotions garanties.

La bonne cuisine est incontestablement Thai, mais on s'est regale aussi en Chine, (bemol toutefois avec l'oeuf de 100 ans) et au Mexique!! D'ailleurs contrairement a ce qu'on nous avait predit, on n'a pas franchement maigri! Plutot perdu du muscle! Les cuisses, ca va mais en ce qui concerne bisseps, pectoraux et abdos, on oublie!!! Tout est a recommencer! Dur sera le retour a la piscine!

Question megapoles, Pekin, Sydney et Hong-Kong sortent du lot. Respectivement cool, branchée et demesurée, elles nous ont toutes les trois offert de bonnes heures de marche a arpenter leurs rues, a la decouverte de leurs tresors.

La Namibie et le Costa Rica sont les deux pays qui nous ont le plus gatés en nature et en vie sauvage, en aventures facon Indiana Jones, et en petites bêbettes pas toujours sympathiques. De son coté, le Guatemala nous a offert une avalanche de couleurs, sur ses marchés authentiques, dans ses costumes, dans son folklore, sans aucun doute le mieux preservé d'Amerique centrale.

L'emotion fut au rendez vous dans de nombreux pays, essentiellement lors de belles rencontres : celle des porteurs sur le chemin des Annapurnas, ou des porteurs de souffre sur le volcan Kawa Idjen en Indonesie, des enfants mineurs en Bolivie, aux conditions de travail moyenageuses. L'emotion, c'est aussi etre invités dans une maison, pour vivre un moment avec les locaux comme au Nepal ou au Laos, ou partager un peu du quotidien des familles, au Nicaragua, en Mongolie, au Perou. C'est de voir la misere au Cambodge, en Bolivie, en Inde, la detresse des villageois de El Chaiten en Patagonie qui vivent dans la cendre, et celle des Aborigenes d'Australie qui ont perdu tous leurs reperes.

L'emotion c'est aussi de voir la Terre qui vit, lors d'une eruption volcanique au Guatemala ou a l'occasion d'un bain d'eau chaude naturelle au milieu des geysers en Bolivie. Que dire alors lorsqu'on la sent trembler au Chili...

Mais c'est le sentiment d'impuissance qui domine quand la nature est souillee, polluee, detruite par l'homme en Chine, au Honduras, en Inde et dans, malheureusement, une quantite d'autres pays ....La Terre est partout tellement belle!!

Bon...je vais vous laisser mediter un peu tout ca...

Il me vient a l'idee qu'un best off "loose" serait le bienvenu !!! Nico sera certainement ravi de s'y coller!!!

En attendant, il est temps pour moi d'aller bosser! On se revoit bientot?!

Camille

vendredi 11 juin 2010

La dernière ligne droite au Nord Chili

Quand j'étais enfant, les chambres d'amis de l'étage étaient meublees à l'ancienne, avec de vieux lits de coin. Dans la plus grande, deux lits rustiques se faisaient face et c'est ici que je dormais quand mes grands parents paternels nous rendaient visite. Je dormais alors dans la même chambre que mon grand-père et je me souviens, comme si c'était hier, de l'envie de rejoindre mon lit et de me glisser dans ces vieux draps. Mon grand-père, toujours avec son "damart" sur le dos, se glissait dans le lit d'en face et l'aventure pouvait commencer. Papy Paul a la langue bien pendue comme on dit et aime raconter des histoires. Ses histoires, que j'écoutais du fond de mon mon lit, relataient quelques fois sa dure condition de garçon de ferme qui devait chaparder des petits fromages aux nez de ses employeurs pour manger à sa faim, et d'autres fois, le fonctionnement et la vie d'une usine à gaz... Mais le plus souvent, il m'emmenait sur les chemins du monde, toujours avec des anes comme compagnons de voyage. Dans ces recits d'aventures, je me projetais avec delice et je buvais chacune de ses paroles. Très souvent, pour pas dire systematiquement, il commençait ses fables par le fameux: " On est partis sac à dos dans la plaine... ".
C'est peut ètre là que tout a commencé...

Je vous parle du commencement avec nostalgie mais c'est bien la fin de ce voyage que je vais vous raconter.

Notre dernière semaine de périple, dernière ligne droite, se passe au Nord Chili. Du Sud-Lipez Bolivien une descente en bus de plus de 2000 m de dénivelé et nous sommes de retour au Chili, à San Pédro de l'Atacama. Là aussi, dans ce désert Chilien, on retrouve un Salar et de beaux volcans qui se reflètent dans des lacs d'altitude. Ayant déjà embrassé du regard des paysages similaires nous ne pensions que passer à San Pédro. Définitivement, ceci aurait été une erreur. Nos trois jours nous ont enchanté et les paysages bien spécifiques de la Vallée de la Lune, la Vallée de la Mort ou encore le canyon du Diable y sont forcement pour quelque chose. Ici le volcanisme s'invente sculpteur et l'aridité de ce désert de l'Atacama y rajoute une touche désoeuvrée saisissante. Dans ce "tout mineral" seuls quelques petits oiseaux s'aventurent dans ces clichés lunaires. Ces sorties à la journée depuis San Pédro, à vélo ou à pied nous ravissent et sont l'occasion de derniers beaux picnics que nous savourons comme s'ils etaient nos derniers moments de liberté.
Le soir de retour à "la Casa de los Musicos" les extravagants Brigitte et Miguel nous accueillent entre deux délires et nous mangeons souvent en compagnie de Brigitte qui alimente toujours nos repas de récits déjantés sur sa vie hors du commun, ses voyages. Nous laissons ce beau désert aux maisons de terre et nous voyageons plein Sud pour se reveiller à La Serena 17 heures plus tard. Changement de décor et de climat car ici, à La Serena, c'est l'Océan Pacifique qui décide de la meteo. Temps couvert, humide et froid, on se blottit comme on peut le soir à la Casa de Maria. Pour notre seule journée ici, le pretexte d'un repas sur le port offre une belle balade en bord de mer. Au milieu des centaines de pelicans nous venons nous aussi profiter des produits de la pêche entre ceviche et fish&chips et le tout en musique... On ne se refuse décidement rien!!!

Comme dernière escale de ce long voyage nous ne pouvions rêver mieux qu'un port mythique du bout du monde. Valparaiso, entre bohème et océan est une ville aux collines multicolores ou chaque habitation apporte sa touche personnelle. De ses rues pentues, ou l'hiver austral montre ces premieres griffes, nous découvrons ce patchwork animé et, à chaque coin de rue, des "fresques" murales toutes plus belles les unes que les autres...

De retour dans la capitale Chilienne nous retrouvons notre Backpacker footsteps ou, comme à son habitude, Andrea nous accueille a bras ouverts... A la Chilienne quoi!!! Un dernier repas avec nos copains Marie et Rafael et nous voilà déjà dans l'avion, hébétés, mais des images plein la tête...

Avec la perspective d'un retour en France iminant, nous sommes entre excitation des retrouvaillles et nostalgie d'une fin annoncée. Beaucoup se demandent, et nous aussi d'ailleurs, comment nous allons réagir en atterissant dans une vie plus asceptisée, plus sédentaire, plus classique. Tout d'abord, nous sommes conscients de notre chance de rentrer dans un pays développé, libre et surement l'un des plus beau du monde. Et je suis pret à parier que nous aurons à coeur de faire d'autres voyages, d'autres decouvertes. Pour tout ça, il suffit d'une chose: Avoir envie!!! Et de l'envie nous en avons encore plein...
A bientôt pour un petit bilan perso de cette annee de voyage...et nos premiers ressentis....

Nico, le 12 juin 2010.

vendredi 4 juin 2010

Bolivie...Emotions et grands espaces.

Nous nous sommes souvent dit en voyage, par de multiples raisons que nous avions vraiment de la chance. En Bolivie, peut etre plus qu´ailleurs. La chance d´avoir des reves et de pouvoir les realiser, la chance de voyager, d´etre libres, la chance de rencontrer sur notre route des gens qui partagent les memes reves que nous, la chance d´avoir du temps, la chance de s´aimer. La chance aussi d´etre nes en France, au XXeme siecle. On a bien cru pourtant que la chance venait de tourner pour nous, en Bolivie. Nous quittions ce jour là la Isla Del Sol, ile Bolivienne du lac Titicaca charmante et tranquille ou nous venions de passer deux jours ennivrants: balades sur ses superbes chemins muletiers, soupes de quinoa delicieuses et bienvenue apres l´effort dans la fraicheur du soir, et quelques belles rencontres, entres autres celle de Manuela et de sa bande de copains venue de Belgique, et de Xavier et ses deux accolytes de l´ESC de Lille avec qui nous avons partage un chaleureux repas a Copacabana.

Comme convenu nous quittons Copacabana par le bus de La Paz qui nous depose en cours de route a une intersection afin que nous puissions monter dans un minibus pour Sorata, village situe au pied de la Cordillera Royale. Il est 15h et nous ne doutons pas une seconde du succes de notre entreprise. Une heure passe, puis deux,... des minibus aussi mais toujours plein a craquer, ils ne s´arretent meme pas pour tenter de nous caser entre deux passagers, leurs gros sacs de pommes de terre ou d´oignons. Le jour decline et a regret nous prenons la sage decision d´abandonner et de filer sur La Paz, a 1h30 de route de la, avec pour unique objectif de trouver un hotel avant la tombee de la nuit. Apres quelques echecs, le soulagement d´etre enfin dans un bus est de courte duree; notre bus est bien lent et de toutes evidences nous arriverons a La Paz de nuit. La tension monte avec le stress de debarquer dans cette capitale a la reputation nocturne peut engageante. On tente de se rassurer, apres tout, la gare routiere n´est qu´a 1km du quartier touritique ou nous devrions trouver facilement un hotel. Les premieres lumieres de l´agglomeration nous informent que nous sommes a El Alto, la ville champignon qui surplombe La Paz. Cette ville qui n´existait pas il y a 25 ans compte maintenant 800 000 habitants, des familles d´origine rurale pour la plupart ayant fuient la misere des campagnes pour venir tenter leurs chances a la capitale. El Alto domine La Paz du haut de son plateau situe a 4000 m d´altitude, balaye par des vents glacials, ce qui fait de cette megapole la seule ou les pauvres vivent sur les hauteurs tandis que les riches se pelotonnent dans une cuvette protegee du froid, 1000 metres de denivele plus bas.
Bien au chaud dans notre bus nous assistons au spectacle de rue de ce quartier desoeuvre, grouillant de monde dans cette nuit froide, contents de ne pas avoir a descendre dans cette fourmilliere peu rassurante.
-"Terminus!" crie le chauffeur...
Il nous faut quelques secondes pour realiser et admettre notre sort: notre bus ne va pas jusqu´a La Paz et nous allons connaitre, contraints et forces, El Alto by night. Difficile de s´y retrouver dans cette jungle de minibus qui hurlent des destinations qui ne nous parlent pas. Heureusement quelques habitants ont pitie de nous et nous renseignent, tout en nous mettant en garde contre les faux taxis et les pickpockets. Enfin, deux minibus et une belle descente sur La Paz plus tard, une modeste chambre d´hotel fait notre plus grand bonheur. Plus de peur que de mal et quel soulagement de pouvoir poser nos sacs dans un endroit sur. La chance ne nous aura finalement pas quittes bien longtemps.
Echaudes par l´aventure mais toujours motives pour profiter de nos dernieres semaines de voyage, nous decidons le lendemain de troquer Sorata pour Coroico, plus proche. Cette bourgade reliee a La Paz il y a encore quelques annees par la fameuse route de la mort et maintenant accessible par une route superbe et plus sure. Redescendus a 1800m d´altitude, nous nous retrouvons en pleine jungle, bien loin de l´aridite de l´Altiplano que nous traversions la veille. Quelle chance la aussi: chambre fantastique avec vue sur la vallee et sa vegetation exuberante, randonnee sympa partagee avec Julie et Patrick que nous esperons revoir bientot en Suisse et chouette apero offert par Pierre et Magalie en tour du monde aussi sur http://www.adeuxppasdumonde.overblog.com/ Apres une super nuit de bus "Cama" (completement allonge, c´est fou comme on dort mieux) nous arrivons a Sucre, capitale administrative de la Bolivie. C´est cette ville coloniale baroque aux charmantes rues pavees et aux belles demeures aux facades blanches que je choisis pour vivre ma premiere vraie tourista. Apres 13 mois de voyage, c´est tout de meme idiot! Cette fois ci, c´est moi qui reste au lit et c´est Nico qui gere le menu: Eau de riz, bananes, Coca-Cola, un regal!
24heures a ce regime et me voila sur pieds, direction Potozi la ville de l´argent. Le trajet en bus nous offre ce jour la trois heures de traversee de superbes paysages. Nous sommes a Potosi. Au XVIeme siecle, cette ville etait extremement riche grace a ces mines d´argent et comptait alors autant d´habitants que Paris ou Londres et autant d´eglises, couvents, demeures bourgeoises... Aujourd´hui la ville ne compte que 140 000 habitants et ne vit plus dans la meme opulence. Plusieurs milliers de mineurs continuent pourtant a exploiter le peu de minerai d´argent qu´il reste, pour un salaire de misere et a leurs risques et peril. On estime que 8 millions de personnes (!!) ont perdu la vie dans les boyaux du Cero Rico, la mine qui domine la ville. Nous avons beaucoup hesite a visiter la mine, comme beaucoup de voyageurs que nous avons rencontre qui boycottent la visite qui rapporte aux compagnies des agences de tourisme des sommes demesurees par rapport au maigres soldes des mineurs. Ce soir la, l´hotel projette un documentaire tourne a Potosi sur la vie de Basilio, gamin de 14 ans qui depuis 4 ans travaille dans la mine pour environ 3 USD par jour pour subvenir aux besoins de sa famille. "El Minero del Diablo" nous bouleverse Nico et moi. Dans cette montagne que nous appercevons depuis chaque coin de rue de Potosi, 800 enfants travaillent encore dans des conditions epouvantables et avec une constante peur au ventre qu´ils ne devraient pas connaitre a leur age. Ici, l´insouciance est un luxe, et l´esperance de vie d´un mineur n´excede pas 35 ans. Une fois encore pendant ce voyage, nous nous interrogeons sur la meilleure facon d´aider ces enfants. Paradoxalement c´est surement depuis la France que nous pourrons, par le biais d´associations de parrainage, faire quelque chose pour au moins l´ un d´entre eux.
Nous laissons l´emouvante Potosi pour Uyuni, ville aux confins du desert, notre point de depart pour trois jours de 4*4 a la decouverte des beautes naturelles uniques du Salar d´Uyuni et du Sud-Lipez. Rien a dire, ce desert de sel est superbe, avec ses 12000km2 d´une blancheur aveuglante, parcemes ca et la de quelques iles, emergeances de corail ou les cactus ont elu domicile. Vitesse de croissance 1 cm par an, beaucoup font entre 4 et 5 metres, faites le calcul.
Nous dormons dans un hotel de sel avant d´enchainer sur la decouverte de superbes lacs sales aux couleurs surrealistes qui s´enchainent dans un decor aride et volcanique eblouissant. Peu de vie ici, a 4000 m d´altitude. Pourtant, malgre des conditions de vie extremes, quelques troupeaux de lamas, et autres colonies de flamants rose y ont tout de meme trouve leur bonheur.
A 4400 m ou nous dormons sans chauffage, nous supportons toute la nuit sans difficulte bonnet, gants et triple epaisseur de couverture sur notre duvet. Dehors il fait moins 20 degres et un vent glacial.
Enfin, notre dernier jour d´excursion dans le desert etait aussi celui de notre premier bain chaud. Ici, a 4800 m d´altitude la terre a une activite debordante. Geysers, marmites bouillonnantes temoignent de l´activite debordante de notre planete Terre qui nous offre pour notre plus grand plaisir, alors que la temperature exterieure est negative, un bain d´eau chaude naturelle a 35 degres ou nous nous glissons avec delice. Quelques heures plus tard, le 4*4 nous depose a la frontiere Chilienne. Ainsi se termine notre decouverte de la Bolivie et pour moi mon dernier article du Blog. Le hasard du "un coup l´un, un coup l´autre" fait que c´est Nico qui concluera sacadosdanslaplaine a l´occassion d´un dernier article sur le Nord Chili. Lourde tache que la sienne! (Sans vouloir lui mettre la pression bien sur¡¡) Camille, le 4 juin 2010.